L’art digital, c’est quoi ?

Publié le 21 Dec 2022

Avec l’avènement des nouvelles technologies, la création contemporaine a pris un véritable tournant. Nous assistons aujourd’hui à l’éclosion d’un art 2.0 fondé sur l’utilisation de dispositifs numériques. L’art digital, loin d’ôter le charme du geste artistique, a le pouvoir d’élargir le champ des possibles : grâce au numérique, l’imagination ne connaît pas de limites ! Il s’agit bel et bien d’une révolution culturelle, d’une nouvelle page de l’histoire de l’art qui s’écrit sous nos yeux… en lignes de code.

Les mille et une dimensions de l’art digital

L’art digital ou art numérique englobe de multiples sous-catégories telles que la réalité virtuelle, l’art génératif, l’art interactif, l’art par intelligence artificielle, l’art robotique… Toutes ces disciplines artistiques possèdent un point commun : elles reposent sur l’utilisation des technologies numériques.

Aux crayons et aux pinceaux, l’artiste digital a substitué langages logiciels et informatiques. Ce courant amorcé dans les années 1960 est aujourd’hui à son apogée, et ce n’est que le début... 

De la rencontre de ces artistes avec les nouvelles technologies naissent des résultats on ne peut plus surprenants : 

  • Grâce au langage binaire informatique, l’artiste japonais Ryoji Ikeda retranscrit en abstractions sonores et lumineuses un ensemble de datas recueillies sur des téléphones et des ordinateurs, notamment dans l’œuvre Continuum.

  • Les artistes du collectif Obvious ont créé un algorithme capable de générer lui-même la toile du Portrait d’Edmond Belamy, première œuvre d’art créée par intelligence artificielle ayant été vendue aux enchères en 2018 par Christie’s.

  • En 2017, l’inventeur et galeriste Aidan Meller donne vie à Ai-Da, le premier robot-artiste exposant ses peintures et sculptures au musée, à Oxford. Grâce aux caméras intégrées dans ses yeux, le robot humanoïde retranscrit de manière abstraite sa réalité.

  • Le québécois Alexis Langevin-Tétrault est un artiste pluridisciplinaire utilisant la programmation informatique dans ses performances audiovisuelles. Il invente ainsi des instruments capables de mettre le mouvement du corps en lumière, comme dans son œuvre Datanoise. 

  • En août 2022, le créateur de jeu vidéo Jason M. Allen a gagné la Colorado State Fair Fine Arts Competition dans la catégorie « art numérique / photographie manipulée numériquement » grâce à une oeuvre générée par l'IA Midjourney. 

© Ai-Da, le premier robot-artiste à Oxford. Photo : Nicky Johnston.

À la fois développeur·e·s, ingénieur·e·s, programmateur·rice·s… les artistes numériques ne manquent pas d’inspiration ! Après avoir été un courant décrié par les aficionados d’arts traditionnels, l’art digital a définitivement réussi à se faire une place au sein de la communauté artistique. 

Des événements artistiques sont même dédiés à ces nouvelles formes de création numérique, notamment les festivals Eyeo à Minneapolis, Mutek à Montréal ou Nemo à Paris, les expositions Coder le monde au Centre Pompidou ou encore Artistes et Robots au Grand Palais. L’art digital est un art réservant plein de promesses pour l’avenir…

L’art digital, un medium en accord avec son temps 

De plus en plus de jeunes artistes sont attirés par l’art digital, qui entre naturellement en résonance avec la société actuelle : digitalisée et hyperconnectée. En effet, chaque tendance artistique s’inscrit dans son temps. En peinture comme en sculpture, les matières premières en possession des artistes ont évolué avec l’industrialisation : les pigments naturels ont laissé place aux pigments de synthèse, la pierre brute aux imprimantes 3D, etc. Rien d’étonnant alors à ce que le digital soit le médium de prédilection du 21ème siècle.

© Transdimensional Serpent — VR Installation Frieze Art Fair, 2016. Samuel Walker pour Jon Rafman Studios & Seventeen Gallery

Mais être de son temps, c’est aussi anticiper le futur ! Et l’art digital offre matière à être visionnaire. La volonté de dépasser les limites de la technologie permet de créer des œuvres jamais vues auparavant. Spectaculaires, immersives, anticipatrices, ces œuvres laissent entrevoir le futur de l’art, notamment grâce à la réalité virtuelle :

  • L’artiste numérique Jon Rafman brouille les frontières entre réel et virtuel. Il crée notamment Junior Suite en 2014 et Transdimensional Serpent en 2016, des expériences surnaturelles à découvrir dans le casque de réalité virtuelle Oculus Rift.

  • N=7 / Wake of Heat in Collapse de Rachel Rossin est une simulation de VR reproduisant des paysages surréalistes dans un seul but, faire tomber le spectateur au centre de la terre. Pour y parvenir, la sensation de vertige procurée est bien réelle. 

L’art digital répond à ce besoin d’être sans cesse subjugué par l’œuvre tout en transcendant le média. Dans un monde où tout semble avoir déjà été vu, fait, essayé, il contient les promesses d’un art qui irait au-delà du connu. Le numérique assouvirait l’envie d’inédit et d’évasion, tout en critiquant parfois les dérives de cette même technologie. Bien que l’art digital soit futuriste, il se confronte parfois à des limites très concrètes.

Les enjeux de l’art digital 

Comment suivre la cadence effrénée des technologies ? Face à l’évolution des dispositifs ou à l’obsolescence programmée, certaines œuvres d’art numérique se confrontent à leur potentielle disparition. En effet, conserver ou restaurer une œuvre digitale nécessite des outils radicalement nouveaux. Afin que ces créations soient pérennes et accessibles dans le futur, l’industrie de l’art doit réussir à les rendre rétro-compatibles tout en les sauvegardant sur des systèmes d’exploitation fiables. En effet, bien qu’elles soient dématérialisées, leur existence reste dépendante de réalités physiques.

© Beeple, Everydays: The First 5000 Days!

De plus, l’art digital met en péril les droits d’auteur·e·s. Comment authentifier l’originalité d’une œuvre et comment éviter sa reproduction ? Qui de l’Homme ou de la machine est le véritable créateur de l’œuvre digitale ? Autant de questions houleuses qui animent les débats artistiques.

L’une des réponses réside dans la création des NFT. Grâce à cette technologie blockchain, il est possible d’établir un certificat d’authenticité de l’œuvre d’art, et donc, de l’acheter. Il peut s’agir de photo, de vidéo ou de tout art assisté par ordinateur. 

Qui dit NFT dit aussi crypto-monnaie… À l’instar du Bitcoin, les monnaies virtuelles se sont immiscées dans le marché de l’art avec l’essor de l’art numérique. Si cette pratique était initialement plus prégnante chez les traders millionnaires, elle se démocratise désormais.

De plus en plus de jeunes collectionneur·se·s s’intéressent à ce mode d’investissement pour étoffer leur collection d’art ! Selon la septième édition de l’étude du cabinet Deloitte sur l’art et la finance, iels seraient même 64 % à exprimer un fort intérêt pour les arts NFT. 

Pour découvrir les créations numériques d’artistes émergent·e·s, suivez les actualités de notre galerie d’art digital