Le printemps dans l’art en 10 oeuvres phares

Publié le 21 Mar 2023

De Botticelli à Monet, en passant par Hockney, nombreux sont les artistes à avoir été inspirés par la saison des amours. Pour célébrer le retour des beaux jours, Misancene a sélectionné pour vous 10 œuvres phares représentant le printemps dans l’art ! Ces peintures sentent bon les arbres en fleurs, on y entendrait presque le chant des oiseaux...

1. Sandro Botticelli, Primavera, 1478-1482

Sandro Botticelli, Primavera (1478-1482)

Dans cette œuvre allégorique, le célèbre maître florentin Sandro Botticelli (1445-1510) marque le retour des thèmes mythologiques chers à la période de la Renaissance.

L’iconographie du tableau fait référence à plusieurs mythes disparates. Au sein d’un jardin florissant, se trouve la déesse Vénus entourée des trois Grâces, de Cupidon, de Mercure, de Zéphire et des nymphes Clori et Flore. Encore sujet à débats, le tableau représenterait l’idée néoplatonicienne d’amour divin et de beauté idéale, une métaphore parfaitement incarnée par le printemps. 

Il aurait été commandé par Laurent le Magnifique pour orner la villa Médicis et se trouve aujourd’hui à la Galerie des Offices de Florence. 

2. Giuseppe Arcimboldo, Primavera, 1573

Giuseppe Arcimboldo, Primavera (1573)

Le peintre Giuseppe Arcimboldo (1527-1593) a peint ses Quatre Saisons entre 1563 et 1573. 

Dans son style si caractéristique, Arcimboldo représente ici une “tête composite” de femme entièrement composée de fleurs. Iris, ancolie, lys, bourgeons de rose, baies de belladone, marguerites et autres feuillages - 80 plantes ont été identifiées - forment un bouquet garni en pleine éclosion. Un véritable feu d’artifice printanier !

La série a été offerte à Maximilien II de Habsbourg dont il glorifie la grandeur des terres en symbolisant le passage des saisons avec splendeur et pérennité. Le Printemps peut être vu aujourd’hui à l'Académie royale des Beaux-Arts Saint-Ferdinand de Madrid.

3. Claude Monet, Printemps (La Liseuse), 1872

Printemps (La Liseuse), Claude Monet (1872)

Réputé pour ses peintures de paysages, Claude Monet (194 0-1926) fait ici l’éloge de l’oisiveté printanière. Dans son tableau Printemps (1872), aussi appelé La Liseuse, l’un des fondateurs de l'impressionnisme pose son chevalet dans son jardin d’Argenteuil pour tirer le portrait de sa femme, Camille Doncieux, lisant à l’ombre d’un arbre.

On y reconnaît les coups de pinceaux à la fois vifs et troubles qui caractérisent l’impressionnisme. La rapidité du geste permet de retranscrire aussitôt une impression fugace. Ici, celle des rayons de soleil qui traversent le feuillage pour saupoudrer de lumière la robe blanche et l’herbe qui l’entoure. 

C’est toutefois une sensation de lenteur et d’apesanteur qui découle de l’observation de ce tableau aujourd’hui conservé au Walters Art Museum à Baltimore.

4. Alfons Mucha, Les saisons : Printemps, 1896

Les saisons : Printemps, Alfons Mucha (1896) 

Le chef de file de l’Art Nouveau Alfons Mucha (1860-1939) a créé différentes versions de ses Quatre saisons. La série de 1896 est la seule à être imprimée sur soie par Champenois. 

Ode à une certaine vision de la féminité, le style Mucha est fait de postures serpentines, de longs cheveux, de d'habits vaporeux et d’ornements fleuris. Dans cette figure du printemps, la chevelure blonde et la robe blanche se fondent dans un cerisier en fleurs. 

Destinées à embellir les murs de particuliers ou de boutiques, la dimension décorative de ses œuvres se retrouvent également par l’usage de teintes pastels.

L’affichiste et illustrateur slave possède une patte unique qui se prête volontiers à la thématique printanière, douce et légère.

5. František Kupka, Printemps cosmique, 1913-1914

František Kupka, Printemps cosmique (1913-1914)

Éclipsé par le trio Kandinsky-Malevitch-Mondrian, František Kupka (1871-1957) a néanmoins été l’un des pionniers de l’art abstrait. Le peintre franco-tchèque était un électron libre qui a navigué entre différents courants et produit quelques 400 œuvres au cours de sa vie. 

Il a exploré le champ des possibles de la non-figuration, ce qui lui a permis d’exprimer un langage riche et coloré, propice au sujet printanier. Printemps cosmique caractérise cette période de sa création, mais aussi sa fascination pour la fécondation des fleurs… En fin observateur de la nature, il célèbre dans cette toile une « fête du pollen dans un gynécée baigné de soleil ». 

Cette explosion de couleurs, semblable à un nuage céleste, donne lieu à une vision quasi mystique des phénomènes physiques inhérents au vivant durant cette saison. Son tableau crée un nouvel ordre pictural où formes et couleurs s'entremêlent dans un mouvement vibratoire et cosmique.

6. Salvador Dali, Premiers jours du printemps, 1929

Salvador Dali, Premiers jours du printemps (1929)

L’excentrique Salvador Dali (1904-1989) et figure de proue du surréalisme livre ici une interprétation toute personnelle de l’arrivée du printemps. Pas de jolies fleurs dans ce désert aride sur lequel prennent place différentes situations à première vue absurdes. 

Cette œuvre est une évocation lyrique de scènes quotidiennes de Figueres, sa ville natale, un parcours à travers ses souvenirs immédiats ou passés, des émotions, mais aussi à travers le rêve qui l’a tant inspiré.

Le personnage central n’est autre que l’artiste lui-même, une photo d’enfance. L’usage du collage dans Premiers jours du printemps est d’ailleurs l’une des premières occurrences dans l’histoire de la peinture. Autour de ce Dali enfant, souvenirs, réel et rêve forment un spectacle insaisissable. 

La tableau se trouve au Théâtre-musée Dalí à Figueres, en Espagne.

7. René Magritte, Le printemps, 1965

René Magritte, Le printemps (1965)

Le maître des énigmes René Magritte (1898-1967) est parvenu à créer son propre langage pictural fait de rébus métaphoriques. Il joue entre visible et invisible, réel et imaginaire, bi et tridimensionnalité afin d’interroger notre compréhension de la réalité et de ses représentations. 

Dans Le Printemps, l’oiseau est une silhouette découpée dans le ciel et remplie du feuillage présent dans la forêt du tableau. Dans la partie inférieure figure un simple nid avec trois œufs. Des éléments simples, si familiers et pourtant propulsés dans une dimension étrange

La planéité de l’oiseau-feuillage contrebalance sa nature volatile : est-ce pour mettre en lumière la parfaite harmonie entre les éléments et le vivant ? Pour titiller notre émerveillement face aux phénomènes physiques ? Quoi qu’il en soit, le peintre belge Magritte a su représenter sa vision singulière et surréaliste du printemps.

8. Yayoi Kusama, Fields in spring, 1988

Yayoi Kusama, Fields in spring (1988)

Touchée par un trouble obsessionnel, l’oeuvre de Yayoi Kusama (1923) est l’accumulation et l’expansion d’une vision du monde faite de pois. La désormais iconique artiste japonaise a fait du “polka dot” sa marque de fabrique. Kusama considère que l’être humain est un pois parmi des millions d’autres pois, et que ces pois représentent la connexion entre l’Homme et la Nature. 

Elle dessine depuis l’enfance afin d’échapper aux hallucinations dont elle est victime. C’est d’ailleurs après l’une de ces visions, alors âgée de 10 ans, que son motif prend vie. Ayant grandi auprès de parents autoritaires dans une société patriarcale, Yayoi Kusama a trouvé dans l’art une issue cathartique. Ses névroses sont à la fois sa source d’inspiration et sa malédiction. 

Fields in Spring est l’une des manifestations du prisme au travers duquel elle voit la vie. Sur une grande étendue verte fluo s'amoncellent une infinité de pois rouges et bleus rayonnants. Est-ce un champ de fleurs ? Des ouvriers vus du ciel dans un champ ? Un tissu montrant l’imbrication de l’Homme dans son environnement ? L’interprétation est libre !

9. David Hockney, L'arrivée du printemps, Normandie, No. 180, 2020 

David Hockney, L'arrivée du printemps, Normandie, No. 180 (2020) 

David Hockney (1937) s'est toujours intéressé aux nouvelles technologies. Il expérimentait déjà avec son Iphone en 2007 avant d’adopter l’Ipad en 2010. C’est avec cet outil avant-gardiste dans le monde de l’art que le peintre britannique va documenter son confinement. 

En pleine pandémie, l’artiste s’est plongé dans un projet titanesque : 116 œuvres ont vu le jour, faisant l’éloge de la nature en dessinant le passage des saisons. Ces tableaux aux couleurs vives dépeignent son jardin normand et véhiculent une forme d’optimisme : « Do remember they can’t cancel the spring ». Entre les crises et le temps passé devant les écrans, les générations actuelles ont perdu l’habitude d’observer leur environnement. Ici, l’objet technologique ne détourne pas le regard de son utilisateur de la nature mais lui permet, au contraire, de mieux l’observer, de le capturer, de l’immortaliser. 

La Royal Academy expose ce nouveau corpus réalisé sur l'iPad puis imprimé sur papier dans un ouvrage intitulé “L’Arrivée du printemps, Normandie”.

10. Damien Hirst, The Virtues, H9-6 Honour, 2020

Damien Hirst, The Virtues, H9-6 Honour (2020)

L’artiste anglais Damien Hirst (1965) nous avait plutôt habitués à explorer le thème de la mort en représentant des animaux dans du formol, un moulage de crâne ou un collage de mouches. C’est sous un prisme radicalement différent qu’il l’aborde dans sa nouvelle série de toiles réalisée durant le confinement, Cerisiers en Fleurs

Derrière cette ironie joyeuse se cache néanmoins la conscience de la nature éphémère de la vie et de la beauté : la floraison des cerisiers n'excède pas quinze jours. C’est de cette fulgurance que provient la fascination quasi universelle pour ce phénomène. Et finalement, célébrer la vie, c’est aussi défier la mort.   

Damien Hirst se plonge donc corps et âme dans cette célébration florale et réinterprète la peinture de paysage, l’impressionnisme et l’action painting. Les touches en épaisse pâte de peinture aux tons roses et bleus pastels renouent également avec une forme de figuration dont le format monumental des toiles permet une immersion jouissive…

Pour découvrir les oeuvres printanières d'artistes émergent·e·s, rendez-vous dans notre galerie

 

Cover : Damien Hirst, Cerisiers en fleurs (2020)