Meet your artist : Studio Monotype

Publié le 07 Sep 2022

Rencontre avec le Studio Monotype un duo d'artistes émergents

Créé en 2018, Studio Monotype est un duo d'artistes, Lucas Cremades et Noé Bouillon. Ces deux jeunes architectes ont forgé leur esthétique dans et par leur formation en architecture. Des sources d'inspiration tels que Soulages ou Rothko teintent leur univers entre abstraction colorée et perspective rigoureuse.

Découvrez Studio Monotype, un duo d'artistes-architectes français !

Interview avec Studio Monotype

Pouvez-vous nous parler de votre parcours ? 

Lucas : Je m'appelle Lucas Crémadès, j'ai 26 ans. Je suis en cinquième année d’école d’architecture, avec Noé. J’ai également fait une prépa archi à Penninghen.

Noé : Moi, c’est Noé Ferrandon, 27 ans. Je suis donc aussi à l’école de Malaquais avec Lucas, après une prépa. On a le même parcours tous les deux. J’ai évolué dans cet environnement, qui est un atelier de restauration de meubles anciens, où j'ai découvert plein de techniques de peinture, de matière, à travers mon père qui fait ce métier depuis maintenant 40 ans.

Comment avez-vous découvert le monotype ? 

Noé : Lucas faisait déjà des petits monotypes, ce qui m'avait tapé dans l'œil. On est devenus amis comme ça.

Lucas : J'avais découvert ce mode d'expression grâce à mon père, qui m'avait aidé à préparer le concours pour la rentrée à Malaquais.

Noé : Deux pères créatifs donc, le sien qui est vraiment architecte et peintre, et mon père, qui est plus décorateur et professionnel des couleurs et de la matière, mais qui n’a jamais vraiment osé peindre parce que c'était un saut un peu trop grand à faire.

Lucas : ça fait longtemps qu'on se connaît, on a toujours voulu les faire se rencontrer, et pour ça on a été un peu nuls ! 

Racontez-nous le début de votre collaboration artistique. 

Noé : J’'avais proposé à Lucas de faire une exposition dans cet atelier que je venais d'avoir, et de fil en aiguille, en préparant cette expo, on a commencé à peindre une toile ensemble. Et on a fait toute la première expo ensemble.

Lucas : C’est donc avec Noé que j’ai commencé les grands formats. 

Noé : Et au fur et à mesure des grands formats, on a développé plusieurs techniques : de la peinture directement sur le médium, la peinture sur papier, l'impression…

D’où vient l’idée de votre nom d'artiste ? 

Noé : On trouvait que le terme de “studio” ne figeait pas une technique. On voulait travailler sur plusieurs médiums et sur plusieurs projets différents, c'est-à-dire qu'on a travaillé la peinture, le papier, la sérigraphie… On a aussi travaillé pour des festivals en jouant avec des lumières sur du plexiglas. Donc l’idée de studio ça permet de croiser tous ces différents médiums dans un atelier qui est le studio monotype. 

Lucas : Ça laisse la possibilité aussi de rencontrer de nouveaux artistes et de se joindre à eux pour faire des collaborations ensemble. 

Noé : Il y a peut-être aussi notre côté archi qui entre en jeu parce qu’on ne se prend pas du tout pour des artistes peintres reconnus, on est juste deux archis qui aiment bien faire de la peinture ensemble et essayer d'extérioriser sur un autre médium.  

Lucas : Ca permet d’extérioriser d’autres choses. Par exemple, au début d'un projet, quand on veut montrer quelque chose de plus conceptuel, ça nous permet de nous exprimer autrement que sur des supports beaucoup plus figés comme le plan, les coupes, les maquettes. 

Comment qualifieriez-vous votre peinture ? 

Noé : On m'a déjà dit que c'était une peinture d'architecte. C'est une manière de réfléchir la peinture qui est peut-être en perspective, avec beaucoup de constructions, en forme. C’est quelque chose dont on essaie parfois de se libérer avec des formes plus organiques, mais ça se ressent toujours.

Quel est votre processus de création ? 

Noé : Il ya a un processus technique assez rigide et assez complexe à établir. Ensuite, le processus créatif, ce ce qui est intéressant c'est qu’il vient avec les mouvements du corps, ça suit aussi les objets qu'on va utiliser. Au lieu de penser une oeuvre pendant des mois et des mois et d’essayer de reproduire à la perfection ce qu'on avait en tête, on va travailler en série, et petit à petit, à travers les tirages effectués, on va réussir à créer ce qu'on avait imaginé.

Lucas : C'est vrai que ça nous est déjà arrivé chacun de notre côté de dessiner des petits croquis, mais ça ne donne jamais vraiment ce que l'on prévoit, c’est ce qui est intéressant avec le monotype.

Quelle place a la couleur dans vos créations ? 

Noé : On a commencé uniquement par du noir et blanc. On a chacun des univers différents, ce qui est intéressant, des goûts et des conceptions d'un tableau différentes. Je me souviens d'une toile jaune où j'avais volontairement décidé que les trois quarts de la toile seraient blancs. Moi, j'avais trouvé ça super, mais Lucas était plus réticent, alors on a décidé de rajouter du jaune dans toute la base qui était blanche donc absente, et c'est ce qui a finalement fait consensus entre nous. A partir de là, on a commencé à coloriser nos toiles et à adhérer petit à petit, puis à changer de couleur en passant du jaune au bleu, puis au rouge.

Est-ce toujours évident de travailler à quatre mains ? 

Lucas : S'il y en a un qui est moins inspiré, l'autre prend le relais. Il y a cet échange.

Qu’est-ce qui vous stimule le plus dans le monotype ? 

Noé : Ce qui est intéressant avec cette technique, qui est presque artisanale, c'est qu'elle compile plein de critères qui vont faire que la toile va ressembler à ce qu'on veut. Il y a la qualité du papier, son épaisseur, si la maille est serrée ou ouverte, le temps d'impression, la quantité de peinture qu'on va mettre sur plexi, etc. C'est pour ça que notre premier médium était le papier japonais. 

Lucas : Papier qu'on achète à Senneliers, juste à côté de notre école. C’est une enseigne de référence grâce à leurs papiers de très bonne qualité.

Noé : Il y avait quelque chose qui nous avait frappés dans les premières expos, c'est que les gens voient ce qu’ils ont envie de voir. Bien sûr, il faut arriver à les diriger dans un univers, une ambiance, une direction, mais il y a plein de formes créées grâce à cette technique d'impression, dans lesquelles les gens voient une tête d'animal, un tunnel ou des villes. Parfois, il faut laisser les gens apprécier comme ils veulent.

Quelles sont vos sources d’inspiration majeures ? 

Lucas : J’aime beaucoup ce que fait Soulages, ses lithographies. Ce serait quelque chose qu'on aimerait beaucoup, un immense format sur un mur complet. 

Noé : Moi, j'aime beaucoup Mark Rothko, parce qu'il arrive à faire quelque chose que l'on peine à faire, et qui est un petit peu un objectif, c'est de créer une profondeur. J’ai souvenir d’une toile de Rothko, on avait l’impression d’entrer dedans. C’est une profondeur différente de ce qu’on essaie de faire car on a plusieurs impressions sur le même papier, donc plusieurs plans, ce qui peut donner l’impression d’entrer dans l'œuvre.

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