Féru de dessin et de reproductions photographiques, Martin Gendre s’est taillé un univers doux-amer où s’entremêlent douceur estivale et nostalgie. Le peintre français, qui vit et travaille à Paris, s’inspire de moments de vie passés pour créer ses toiles à mi-chemin entre figuration et représentation de souvenirs évanescents.
Des toiles au croisement de la photographie, du dessin et de la peinture
Diplômé des Beaux-Arts, Martin Gendre s’initie à l’art dès l’enfance, grâce à son père artiste. Particulièrement inspiré par les grands maîtres de la Renaissance italienne tel que Fra Angelico, il se forme longuement au dessin avant de se plonger dans la peinture.
Il commence à créer en utilisant comme modèle de vieilles photographies argentiques tirées par son père. Le support photographique restera le fil rouge de sa démarche artistique. En effet, ses peintures se fondent presque toujours sur des images existantes et lui permettent de reconstituer ces instants éphémères où la vie paraît ainsi figée, le temps arrêté, comme sur de vieilles photos oubliées, jaunies et un peu délavées par l’usure.
Représenter le souvenir : la douce amertume du temps qui passe
Figuratives mais pas vraiment réalistes, ses œuvres s’émancipent de la nécessité de rester fidèles au modèle. L’abstraction s’immisce par touches, via un collage, un assemblage particulier de couleurs ou la suppression d’un décor, créant ainsi des images finalement plus fidèles à la représentation mentale d’un souvenir que la photographie elle-même.
Essentiellement autobiographique, le travail de Martin Gendre s’attache à révéler ce que le quotidien peut receler de fragilité. Les photos, et donc ses toiles, représentent son enfance, sa famille, sa vie. En voyage, son carnet de croquis ne le quitte pas. Le décor récurrent de la plage ou plus largement des vacances teintent sa création d’une atmosphère estivale empreinte de nostalgie.
Les œuvres de Martin Gendre baignent dans un océan de réminiscences sensorielles suggérées par un chapeau, un hamac, des corps alanguis, qui émanent comme une odeur de sable chaud, d’iode ou de chlore.
Derrière la banalité des sujets choisis dans sa peinture, se cachent des phénomènes moins innocents. La famille est, à elle seule, un symbole riche de sens et de mémoire. Les œuvres de Martin Gendre ne se livrent pas tout de suite. Subtiles, elles prennent un sens au-delà de leur apparence souvent anodine.
Ses teintes à moitié éteintes, ses aplats tout en transparence, les jeux d’ombre, les silences ; tout, dans la composition des toiles de Martin Gendre, invite à représenter, ou à combler l'ouvrage du temps. Le spectateur imaginatif s'attellera à déceler l’histoire en trame de fond de ces scènes oisives…
Son interview pour Misancene est à découvrir ici. Et pour collectionner ses oeuvres, rendez-vous dans notre galerie !
Cover © Misancene