Les toiles de Nicolas Jesbac créent des ponts entre réel et digital. En réactualisant la pratique numérique du pixel art à l’aide de ses pinceaux, l’artiste français questionne notre rapport aux image. Focus sur l’univers de ce pixel artist émergent !
Le parcours de Nicolas Jesbac
Nicolas Jesbac étudie à l’École des Arts de la Sorbonne, où il obtient un master recherche en Arts Plastiques et Création Contemporaine. Passionné de badminton, il décroche en parallèle un diplôme d’éducateur sportif. C’est lors de ses études qu’il découvre le pixel art, technique pour laquelle il se passionne jusqu’à produire ses premières toiles en 2017.
Qu’est-ce que le pixel art ?
Le pixel art désigne initialement une création numérique utilisant une basse définition d’écran, faisant ainsi ressortir les composants d’une image numérique : les pixels, inventés par l’informaticien Russel A. Kirsch, soit de petits carrés colorés formant un tout.
Plus la résolution d’une image est grande, plus le nombre de pixels sera élevé, et inversement. Le pixel art se joue justement de la résolution en diminuant le nombre de pixels, induisant des carrés plus grands, de sorte à créer ces images caractéristiques dont le sujet se devine sommairement.
Cette contrainte stylistique crée une esthétique old school, rappelant les balbutiements de la technologie des années 1970, notamment dans les jeux vidéo tels que Pac-Man ou Space Invaders. Pourtant, ce mouvement est on ne peut plus contemporain. Depuis 2020, il connaît en effet un gros boom dans l’art contemporain, notamment avec le street artist Space Invader ou les artistes NFT qui l’ont érigé au premier rang tels que les CryptoPunks.
Nicolas Jesbac crée des ponts entre la peinture et le pixel art
En mêlant l’esthétique du pixel art à la peinture, Nicolas Jesbac crée des ponts entre le monde virtuel du digital et le monde tangible de la peinture. La fusion de ces deux maillons du monde actuel lui permet d’interroger le rapport au réel et aux images.
Ses portraits reprennent les codes d’une image pixelisée, comportant un ensemble de carrés colorés, tout en comprenant du volume, destiné à exacerber la matérialité de la peinture. Dans une version contemporaine du pointillisme, l’artiste donne vie à des représentations qui prennent sens à travers l’appréciation globale des touches de couleur. C’est à travers elle que la lecture et l'interprétation de l'œuvre s’opèrent.
Nicolas Jesbac aime citer la visionnaire Marguerite Duras, dans cet extrait d’une interview donnée en 1985, où la femme de lettres parle de la révolution d’Internet et de ses déboires :
« Je crois que l’homme sera littéralement noyé dans l’information. Dans une information constante, sur son corps, sur son devenir corporel, sur sa santé, sur sa vie familiale, sur son salaire, sur son loisir. Il n’y aura plus personne pour lire. Ils verront de la télévision. On aura des postes partout. Dans la cuisine, dans les water-closets, dans le bureau, dans les rues. On ne voyagera plus, ce ne sera plus la peine de voyager. Quand on peut faire le tour en 8 jours ou 15 jours pourquoi le faire ? Dans le voyage il y a le temps du voyage. C’est pas voir vite. C’est voir et vivre en même temps. Vivre du voyage, ce ne sera plus possible.»
Marguerite Duras
À travers le geste patient et discipliné inhérent au pixel art dans la peinture, Nicolas Jesbac renoue avec la lenteur et la contemplation, tout en allant à contre-courant de la surproduction d’images dont le réalisme prétend défier la réalité.
Pour découvrir toutes les oeuvres du pixel artist émergent Nicolas Jesbac, rendez-vous dans sa galerie en ligne.
Cover © nicolasjesbac.com