Frida Kahlo en 5 œuvres clés

Publié le 18 Jan 2024

La légendaire Frida nous a laissé une œuvre riche et inimitable. Le symbolisme de ses toiles fait échos aux épisodes tragiques de sa vie tourmentée. Découvrez une sélection de 5 œuvres majeures de la peintre mexicaine Frida Kahlo !

La biographie de Frida Kahlo

 

Icône de l’art, Frida Kahlo est née à Mexico en 1907 et y est décédée en 1954 à l'âge de 47 ans. Durant sa courte vie tourmentée, l’artiste mexicaine a produit une œuvre mémorable. Auteure de 143 tableaux, Frida Kahlo a marqué l’histoire de l’art de sa personnalité forte et de son style unique, entre symbolisme, surréalisme et réalisme. 

 

D’une mère mexicaine et d’un père allemand, Frida Kahlo passe toute sa vie dans la fameuse Casa azul au sud de Mexico. Dès l’âge de 6 ans, elle souffre d’une poliomyélite qui lui causera une malformation de la colonne vertébrale et la rendra boiteuse. Elle est malgré tout une bonne élève et intègre la Escuela Nacional Preparatoria à l’âge de 15 ans afin de devenir médecin. L’art, qu’elle apprécie notamment grâce à son père photographe, n’est alors qu’un passe-temps. 

 

En 1925, en prenant le bus pour rentrer chez elle après ses cours, Frida Kahlo est victime d’un accident de la route. Grièvement blessée, elle reste alitée pendant 3 mois et subit de nombreuses opérations. Transpercée par une barre de métal, la jambe fracturée, Frida Kahlo est meurtrie. 

 

Cet événement tragique sera le point de départ de sa carrière de peintre. Elle dira : « Je ne suis pas morte et j’ai une raison de vivre. Cette raison, c’est la peinture ». La peinture est alors pour Frida un besoin vital, un exutoire. Elle peint depuis son lit d'hôpital avec un chevalier spécialement commandé par sa mère qui fait également installer un miroir au plafond. C’est ainsi que Frida Kahlo commence sa longue série d’autoportraits.

Frida Kahlo peignant dans son lit d'hôpital

De tempérament affirmé, Frida Kahlo est une battante, mais aussi une militante. Elle s’inscrit au Parti communiste mexicain en 1928 grâce à son amie la photographe Tina Modotti. Attachée à l'émancipation des femmes, elle incarne la libération qu’elle prône et rêve de voyages, d’études, de plaisirs. 

 

La même année, l’artiste rencontre Diego Rivera dans l’auditorium de son école. Le peintre muraliste mexicain et Frida ressentent immédiatement une admiration artistique mutuelle. En 1929, ils se marient et s’installent à Mexico. Celui qui fut son grand amour causa également à Frida Kahlo beaucoup de souffrance. Les infidélités se multiplient, d’une part puis de l’autre. Frida Kahlo assume sa bisexualité en parallèle de sa relation passionnelle avec Diego Rivera.

 

En 1930, le couple emménage à San Francisco aux Etats-Unis. La carrière artistique de Diego Rivera y connaît un grand succès tandis que la jeune femme subit ses premières fausses couches. La désillusion et le traumatisme laissent Frida amère. Son envie d’être mère ne se concrétisera jamais. Également endeuillée par la perte de sa mère en 1932, Frida Kahlo traverse une période difficile et souhaite quitter les Etats-Unis, contrairement à Diego.

 

De retour au Mexique en 1933, le couple s’installe à San Angel. Frida doit retourner à l’hôpital. Elle découvre peu de temps après la liaison entre Diego et sa sœur, Cristina. Cette nouvelle dévastatrice la pousse à quitter le foyer pour vivre seule au centre de Mexico. De nouvelles liaisons marquent sa vie sentimentale, notamment avec le révolutionnaire communiste russe Léon Trotsky. Frida et Diego divorcent en 1938 avant de se remarier 2 ans plus tard.

Source Shutterstock / Museo Nacional Maexico

En 1939, elle se rend à Paris pour participer à une grande exposition sur le Mexique. Elle loge chez André Breton et y rencontre les peintres surréalistes. Ni le climat, ni la nourriture, ni l’atmosphère de la capitale française ne la séduisent. Elle y tombe malade et fustige vivement le cercle des intellectuels parisiens ainsi que l’exposition. 

 

De retour au Mexique, elle est élue membre du Seminario de Cultura Mexicana, organisation créée par le ministre des Affaires culturelles. Frida Kahlo s’attèle alors à la l’écriture du journal de sa vie, et s’implique dans l’enseignement et la diffusion de la culture mexicaine. 

 

Son état de santé se dégradant, elle subit à partir de 1946 une série d’opérations de la colonne qui limiteront considérablement sa capacité à peindre. En 1953, sentant que Frida est en fin de vie, Lola Álvarez Bravo organise sa première exposition monographique. Frida Kahlo y assiste couchée sur son lit, ce qui sera salué par son public. 

 

Jusqu’à la fin de ses jours, l'œuvre de Frida Kahlo sera le reflet de sa vie et de ses souffrances. Elle est amputée d’une jambe en 1953, et sombre dans la dépression et les pensées suicidaires. Le 13 juillet 1954, elle décède officiellement d’une pneumonie, suspectée d’être un suicide assisté. Son tout dernier tableau, représentant des pastèques gorgées de vie, porte l’inscription “Viva la Vida” (vive la vie).  

 

Aujourd’hui, Frida Kahlo est célébré pour son art singulier, tout en étant un symbole nationaliste mexicain et une icône du féminisme.

5 oeuvres clés de Frida Kahlo 

Frida Kahlo, Hôpital Henry Ford, 1932

Frida Kahlo, Hôpital Henry Ford, 1932

Frida Kahlo a vécu un accident dramatique qui l'a laissée handicapée et incapable d'avoir des enfants du fait de son bassin fracturé. En 1932, elle peint le traumatisme de sa fausse couche dans Hôpital Henry Ford. Il s’agit de l’hôpital dans lequel Frida Kahlo consulte un médecin qui lui conseille de garder l’enfant au début de sa deuxième grossesse. Les prévisions se soldent par une fausse couche le 4 juillet 1932. Elle peint dans ce tableau son profond désarroi. Allongée sur un lit d’hôpital, elle est reliée aux sources de ses maux.

Frida Kahlo, Les deux Fridas, 1939

Frida Kahlo, Les deux Fridas, 1939

La relation passionnelle et tumultueuse qu’elle entretenait avec Diego Rivera n’a pas laissé Frida Kahlo indemne. En 1939, suite à son divorce, elle peint Les deux Fridas. Cet autoportrait symbolise le déchirement ressenti par l’artiste qui trouve dans la peinture un exutoire. Sa particularité est d’être un double autoportrait : deux versions d’elle-même sont présentées assises côte à côte, main dans la main. Sur un fond orageux et menaçant, les deux Fridas se soutiennent. L’une est vêtue d’une robe blanche traditionnelle mexicaine ensanglantée par une plaie béante et l’autre porte une Tehuana, un habit traditionnel mexicain coloré. La femme mariée et la demme divorcée, l’une plus féminine, l’autre plus masculine, sont reliées par une artère vitale. Cette toile évoque le désespoir et l’enjeu de survie qui se trame dans cette séparation. 

Frida Kahlo, Autoportrait avec collier d'épines et colibri, 1940

Frida Kahlo, Autoportrait avec collier d'épines et colibri, 1940

Frida Kahlo, meurtrie par sa relation amoureuse, est particulièrement productive durant les années 1939 et 1940. C’est durant cette période marquée par le divorce avec Diego Rivera qu’elle peint son Autoportrait avec collier d'épines et colibri, cette fois après la rupture avec son amant, le photographe Nickolas Muray. Dans cet autoportrait de face, le regard vitreux, Frida Kahlo est entourée d’une végétation dense et de nombreux symboles. Un collier d’épines blesse son cou duquel pend un colibri mort. Un chat noir et un singe-araignée l’entourent. Des papillons sont posés sur sa coiffe. Les références spirituelles oscillent entre la foi chrétienne (la couronne du Christ) et les religions précolombiennes (la colibri en tant que divinité aztèque de la guerre et du soleil). Entre douleur et espoir, cette toile incarne l’un des nombreux épisodes tumultueux de l’existence de Frida, tiraillée par sa dualité

Frida Kahlo, Colonne brisée, 1944

Frida Kahlo, Colonne brisée, 1944

Toile incontournable de la carrière de Frida, Colonne brisée est la parfaite métaphore de la souffrance de l’artiste. Brisée mais fière, blessée mais forte, Frida Kahlo porte toute sa vie les stigmates d'une tentative de guérison. Nue, vêtue d’un corset d'acier, elle se peint dans cet autoportrait devant un paysage désertique évoquant son infertilité. Elle peint cette œuvre en 1944, quelques années avant sa mort alors que sa santé se dégrade fortement et qu’elle subit de multiples interventions symbolisées par les clous qui la traversent. Les larmes pleuvent sur son visage. Sa colonne vertébrale est représentée par une colonne antique fracturée. Au bord de la chute, au sens physique et psychologique, Frida Kahlo témoigne d’une fragilité et d’une force tragiques.

Frida Kahlo, Le cerf blessé, 1946

Frida Kahlo, Le cerf blessé, 1946

Jusqu’à la fin de ses jours, Frida Kahlo utilise la peinture pour transcender sa douleur. Dans Le cerf blessé, elle se transforme en créature mythologique. Mi-femme mi-cerf, couronnée de bois, elle est transpercée de flèches, symboles de ses souffrances et de son corps meurtri. Proie sur laquelle le destin s’est acharné, Frida est ici un animal-martyre. Le cerf est à la fois symbole de force, symbole christique, mais aussi l’un des nombreux animaux de compagnie dont Frida s'entoure tout au long de sa vie. Une forêt hostile habille l’arrière-plan, ouvrant sur un horizon maritime orageux. La mort est omniprésente dans cette toile structurée par le chiffre 9 (9 arbres, 9 bois, 9 flèches). Chez les Aztèques, c'est le nombre d'étapes qui conduisent à une éternité sereine. 

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Cover : Frida Kahlo peignant le tableau "La table blessée", photographie par Bernard Silberstein, 1940. © Cincinnati Art Museum