Interview du peintre Aldéhy

Publié le 13 Feb 2024

Peintre français aventurier, ayant vécu dans les îles du Pacifique, en Amazonie ou en Afrique, Aldéhy possède un bagage culturel et artistique rare. Avec cinquante ans d’expérience picturale, son ouverture d’esprit égale sa persévérance.

 

Au fil du temps, ses coups de pinceaux se sont perfectionnés jusqu’à parvenir à un réalisme bluffant, lui permettant de donner vie à toutes ses idées comme à copier les plus grands maîtres.

 

La galerie Misancene est allée à la rencontre d’Aldéhy, découvrez son interview !

Quel est votre parcours artistique ? 

 

Je suis Aldéhy, mon nom civil est Philippe Chatillon et je suis né à Châtellerault en 1956. J’ai commencé à dessiner très jeune. J’ai reçu un prix de dessin lorsque j’étais adolescent ce qui a poussé ma famille à m’encourager dans cette voie. À l’âge de 18 ans, nous avons déménagé dans le Pacifique sud. J’avais beaucoup de temps libre, alors j’étais DJ la nuit et en vadrouille la journée. J’ai eu la chance d’être en immersion dans des tribus kanak où j’ai pu faire beaucoup de croquis et de photos. 

 

En 1977, je décide de confronter mon art au regard français et je m’inscris aux beaux arts de Toulouse. J’y reste deux ans pendant lesquels j’expérimente toutes formes de médiums, la sculpture, le graphisme, la peinture, jusqu’à m’en lasser. Je fais alors la rencontre d’Alexandre Iters, un artiste avec qui l’on lance un projet commun de musique et de peinture. Isolés dans une forêt vers Valenciennes, nous créons pendant deux ans une collection que l’on présentera sur les routes de France, d’Espagne et du Portugal.

Aldéhy, La naissance d'un virus, 2021

Peu de temps après, je rejoins mes parents à Vanuatu. Je me plonge alors totalement dans la peinture. J’ouvre une galerie pour exposer et vendre mes tableaux. Puis je rentre en Europe, pour rejoindre ma partenaire qui est alors anglaise. L’éducation nationale avait besoin de professeurs d’arts plastiques, j’ai donc enseigné en Bourgogne. J’ai passé de nombreuses années à l’étranger, notamment en Amazonie, en Guyane et au Sénégal. Depuis 2018, je suis installé dans mon atelier à Soustons, près de l’océan que j’affectionne tant.

Ma carrière d’artiste était une évidence. Bien que mes parents eux-mêmes n’étaient pas branchés création, mon grand-père l’était. Il m’a beaucoup emmené dans les musées, les églises. J’ai été imprégné de peintures religieuses, à travers les livres également. J’ai appris la peinture en autodidacte, avec persévérance, car je n’avais jamais peint avant d’arriver à Vanuatu à 18 ans. 


Pourquoi avoir choisi la peinture ?

 

J’ai commencé à la peinture à l’huile tout simplement parce que l’acrylique n’existait pas encore. C’est à mon retour en France en 1983 que j’ai découvert l’acrylique, que je n’ai plus quitté. Un pinceau à la main, le sèche-cheveux de l’autre, je m’exécute avec vivacité. L’acrylique correspond davantage à mon tempérament spontané, un peu nerveux. 

Aldéhy, Bulle de Terre, 2023

Quelles sont vos sources d’inspiration ?

 

J’aime fonctionner par séries. Il y a par exemple les détournements d'œuvres d’art classiques que j’apprécie particulièrement. En effet, quel défi technique que de copier Botticelli, Rembrandt ou Léonard De Vinci ! Je me suis également amusé à réincarner les corps décomposés du cubisme dans une réinterprétation de Picasso.

 

J’ai aussi réalisé une série de 25 tableaux qui est une rencontre entre mes élèves et des personnages marquants de l’histoire de l’humanité. 

 

Parfois, je suis inspiré par l’actualité. Notamment dans Le secret, où j’ai peint une Ukrainienne et une Russe côte à côte, pour symboliser l’enjeu de paix de la guerre. L’un de mes derniers tableaux, Le Nord et le Sud, peut être interprété comme une représentation de la crise migratoire.  

Aldéhy, Vertu verte, 2021

Dans certaines toiles comme Vertu verte, on retrouve une inspiration vaudou. J’ai plusieurs fois participé à des cérémonies, notamment à Port-au-Prince.

 

Mes différentes séries sont très polyvalentes, je n’aime pas m’enfermer dans une étiquette, telle que celle de portraitiste. Je veux préserver le plaisir de surprendre. Finalement, mes tableaux sont tous reliés d’une manière ou d’une autre à différents pans de ma vie.

Quel est votre processus de création ? 

 

Tout commence avec une idée. Il m’arrive de faire des recherches, ou de noter mes pensées lors de mes insomnies. Puis je réalise un croquis assez rapide et je passe sur la toile. D’ailleurs, mes œuvres ont une particularité qui ne se remarque pas en photo, elles sont iridescentes. J’y ajoute souvent des touches d’argent, de bronze ou de cuivre. 

 

Aussi, je n’ai jamais jeté de tableau. S’il y a des ratés, je corrige. Je suis d’ailleurs un perfectionniste. L’art ne supporte pas la médiocrité… 

Aldéhy, Le secret, 2022

Comment qualifieriez-vous votre univers en trois mots ?

 

Je dirais mystique, narratif et figuratif. 

 

Si vous ne deviez garder qu’une seule de vos œuvres, laquelle serait-elle ? 

 

Le Portrait de Léonard de Vinci enfant, qui a été primé et représente mon fils Adam.

 

Explorez toutes les œuvres d’Aldéhy dans sa galerie en ligne ou contactez nos Art Advisors pour une commande d'œuvre sur-mesure !

 

Cover © Aldéhy, Réincarnation - Métamorphoses, 1995