L'été dans l'art en 10 oeuvres phares

Publié le 21 Juin 2023

À chaque saison son charme et ses enchantements. L’été sonne l’heure de la détente, des tenues légères, des vacances au bord de l’eau, des chaudes soirées entre amis et des fruits gorgés de vie. Les artistes, de Frida Kahlo à Van Gogh, en passant par Cézanne et Matisse, en ont retranscrit ses sensations dans cette sélection de 10 œuvres phares représentant l’été dans l’art. Plongez-y sans modération !

Arcimboldo, L’Été, 1573

Peinte pour l’Empereur Maximilien II de Habsbourg, la série des Saisons a fait la renommée d’Arcimboldo. Ses portraits caractéristiques composés de fruits, légumes et végétaux sont désormais incontournables. Dans cette version estivale, le peintre italien représente le profil d’un homme au col en épis de blé, les fruits mûrs jaillissant de ses cheveux. Cerises, pêches, raison, petit pois… L’abondance de l’été incarnée !

Van Gogh, Terrasse du café le soir, place du forum, à Arles, 1888

Le peintre hollandais quitte Paris pour Arles en 1888. Amoureux de la lumière et enchanté par celle qu’il trouve en région méditerranéenne, Van Gogh produit alors plusieurs de ses chefs-d'œuvre. Terrasse du café le soir, place du forum, à Arles, l’artiste saisit l’atmosphère nocturne d’une petite place de ville provençale, qu’on imagine à la fois paisible et animée, un soir d’été. Grâce à ses épais coups de pinceaux post-impressionnistes, il réussit à  peindre “un tableau de nuit sans noir”, avec des couleurs chaleureuses, sur le vif.

Paul Cézanne, Les Baigneurs, 1890

Des baigneurs au bord d’une rivière en été, Cézanne en a peint et dessiné des centaines. Dans la lignée d’un thème déjà abordé par le Titien ou Poussin, il en casse toutefois les codes académiques à travers la fusion de la figure humaine avec le paysage. Malgré des postures rappelant celles des statues grecques, le traitement pictural propre au mouvement impressionniste offre un côté aussi spontané qu’éthéré à cette scène des Baigneurs, évoquant les souvenirs de jeunesse du peintre français avec ses amis dans la rivière de l’Arc.

Henri Matisse, La Joie de vivre, 1905

Quel titre d'œuvre évoquerait mieux l’été que celle de La joie de vivre, de Matisse ? Dans cette toile au summum de l’hédonisme, des femmes et des hommes nus s’enlacent, dansent, jouent de la musique et se prélassent à l’ombre des arbres, dans un décor enveloppant baigné de soleil. Inspiré par les Baigneuses de Cézanne et inspirant lui-même les Demoiselles d’Avignons de Picasso, ce tableau a d’abord été décrié pour ses couleurs chaudes et ses pâles figures avant de devenir l’un des piliers du modernisme en peinture.

Gustav Klimt, Champ de coquelicots, 1907

Lorsqu’il a constitué son musée imaginaire, Michel Butor a épinglé ce tableau parmi les “105 oeuvres décisives de la peinture occidentale”. Cette huile sur toile représentant un champ de coquelicots, dans lequel on devine quelques pommiers, a été peint par Gustav Klimt au cours de l’été 1907. Lors d’un séjour sur le lac Attersee à Litzlberg, le peintre autrichien découvre cet impressionnant pré fleuri qu’il s’empresse alors de peindre. La dense végétation est ponctuée de tâches rouges, rappelant la technique du pointillisme français alors très en vogue à Vienne. Tels sont les petits plaisirs d'une balade estivale...

Tamara de Lempicka, Jeune fille en vert, 1930

Dans le portrait Art Déco de Jeune fille en vert, une femme blonde, cheveux au vent, porte une robe verte laissant deviner ses formes, des gants blancs et un chapeau qui protège ses yeux du soleil. Les formes géométriques rappelant le cubisme, les jeux de lumières et les couleurs vivaces sont la signature de l’artiste Tamara de Lempicka. Le sujet, aussi. Émigrée polonaise aristocrate, l’artiste aimait à représenter des femmes mondaines, libres et sensuelles, un brin provocatrices pour la période de l’entre-deux-guerres - comme elle. Cette fraîcheur et cet élan de vie sont merveilleusement incarnées par celle d’une femme embrassant les beaux jours sans tabou.

Sophie Taeuber-Arp, Lignes d'été, 1942

Souvent oubliée au profit de son conjoint l’artiste Hans Arp, Sophie Taeuber a participé aux grands courants de son temps, le dadaïsme puis le surréalisme. Marquée par la géométrie et le rythme, l’artiste suisse est à la fois peintre, sculptrice et danseuse. En 1940, le couple Arp se réfugie sur la Côte d’Azur, dans une maison entourée d’oliviers avec vue sur la mer. Lignes d’été, héliogravure réalisée en 1942, pourrait avoir été inspirée de ce havre de paix et offre une représentation abstraite de l’été : des lignes courbes, évoquant les ondulations de l’eau ou de la chaleur, ponctuées de touches colorées de bleu (la mer, le ciel), de rouge (le soleil) et de vert (la végétation).

Frida Kahlo, Viva la Vida, pastèques, 1954

Ironie du sort… Viva la Vida (vive la vie en espagnol) est le dernier tableau peint par l’iconique Frida Kahlo. Cet hommage à l’existence, réalisé seulement huit jours avant sa mort en 1954, prend la forme d’un fruit gorgé d’eau et emblème de l’été, la pastèque. La chair écarlate de l’une de ses pastèques a été gravée par la peintre mexicaine comme une plaque funéraire, de ce slogan et de son nom. Un optimisme à toute épreuve, pour cette femme admirable qui a souffert tout au long de sa vie des séquelles de son accident et d’autres tourments. À l’image de sa culture mexicaine, qui lors du Jour des Morts célèbre ses défunts dans la joie plutôt que de les pleurer, Frida Kahlo sourit une dernière fois à la vie en signant cette toile. 

David Hockney, A bigger splash, 1967

Féru de piscines, David Hockney a tout d’un peintre estival. Avec A bigger splash, sa plus célèbre toile issue d’une série de trois, le peintre anglais nous invite à plonger dans une chaude journée californienne. Le soleil est au zénith, le soleil et le silence, écrasants, l’appel de la piscine est plus fort que tout. C’est dans ce décor à la géométrie minimaliste qu’un personnage invisible vient de plonger pour se rafraîchir, laissant derrière lui un nuage d’éclaboussures.

Damien Hirst, Summer Breeze, 2022

Dans Summer Breeze (brise d’été en anglais), Damien Hirst peint un ciel bleu légèrement nuageux dans lequel volent des papillons, collés sur la toile, comme pris au piège. L’artiste britannique a voulu peindre le désespoir dans l’espoir en peignant par-dessus leurs ailes. Les sentiments de légèreté, de liberté et d’insouciance, propres à l’été, sont par ailleurs contrebalancés par la symbolique éphémère du papillon, sa fragilité et sa fugacité, qui n’est pas sans rappeler le sentiment de mélancolie pointant le bout de son nez à la fin de l’été… en attendant le prochain.

Pour découvrir les oeuvres estivales d'artistes émergent·e·s, rendez-vous dans notre galerie ! 

 

Cover : Frida Kahlo, Viva la Vida, pastèques, 1954