Meet Your Artist : interview avec le peintre néocubiste 3VAKET

Publié le 20 Jul 2023

Rencontre avec 3VAket, un talentueux artiste français au style néo-cubiste

Des lettrages dans la rue à la campagne de pub de Coca cola monde 2023, les œuvres de 3VAket mêlent les codes du cubisme aux techniques du street art.

Artiste Influencé par Georges Condo, Basquiat, Picasso, 3VAket représente des portraits de personnes rencontrées dans la rue, des émotions ressenties, des situations vécues…

Il aborde ses sujets de la vie quotidienne en apportant de nouvelles perspectives de façon à donner au spectateur une vision positive et surprenante de l’ordinaire.

Découvrez ci-dessous le portrait vidéo de 3VAket, un artiste qui n’a pas fini de faire parler de lui.

Et pour explorer les œuvres de 3VAket, rendez-vous dans sa galerie en ligne

Comment s’est passé ton déclic artistique ? 

J'ai commencé à faire de l'art quand j'étais enfant. Je dessinais beaucoup. J'étais très introverti, le gars qui n'avait pas de copains. Je dessinais des graffitis pour draguer les filles. J'écrivais leur nom sur un bout de papier et je disais : Tiens, Chloé, c'est pour toi.

J'ai trouvé très intéressant ce rapport à l'art, où l'on peut s'ouvrir au monde en dessinant. Ensuite, j'ai commencé à travailler. Je suis allé dans le domaine de la logistique, parce qu'il y avait beaucoup de travail. Je suis resté dans ce secteur pendant quelques années.

À 27 ans, alors que je n'avais pas encore acheté de maison ni eu d'enfants, je me suis dit : "Prends un risque, tente ta chance, essaie de retrouver ta passion d'enfant". C'est ainsi que j'ai commencé à peindre.

D’où vient ton pseudo Aket ?

Quand j'étais plus jeune, il y avait un rappeur qui s'appelait Aketo et qui faisait partie du groupe Sniper. Il avait une punchline : J'vous présente Aket, le nez pointu comme une fléchette... En bref, il s'agissait d'un gars qui n'avait pas confiance en lui, qui se faisait toujours taquiner. Quand j'ai commencé à graffer, mes potes m'ont donné ce blaze.

Aujourd'hui, c'est devenu 3VAKET, parce qu'Aketo est aussi un grand graffeur, il a graffé beaucoup de métros. Donc entre temps, j'ai remis mon blaze au goût du jour, tout en rendant hommage à ce nom d'origine. 

Raconte-nous la création de ta première toile. 

C'était un rêve d'enfant. Certains enfants rêvent de devenir pompiers, moi je voulais les dessiner. Mais je n'avais jamais vraiment peint auparavant. En fait, je venais du graffiti. Pour moi, l'art, c'était ce que l'on voyait dans la rue. Il ne s'agissait pas de prendre une toile et de peindre chez soi.

C'est arrivé de manière assez bizarre. Le lendemain de mon anniversaire, j'ai acheté une toile à deux balles avec de la peinture de merde. J'ai fait ma première peinture et ce n'était pas si mal. Aujourd'hui, je dirais que ce n'était pas si bien que ça, mais quand même. C'est donc une passion qui est devenue vraiment prenante. 

Aket, que signifie pour toi le style “néocubiste” ?

Lors de ma première interview, il y a quatre ans, j'ai tout de suite été catalogué comme néo-cubiste. J'ai bien aimé cette étiquette. “Néo” ça me correspond bien, cubisme aussi... je me suis dit, c'est cool, c'est ça ! Mais aujourd'hui, je ne définirais peut-être pas mon travail de cette façon.

J'aime beaucoup les isométries et les formes géométriques, autant que possible. L'objectif est d'apporter une perspective 3D, une sorte de profondeur maximale. Dans le graffiti, on atteint un bon niveau lorsqu'on superpose des lettres jusqu'à ce que personne ne comprenne plus rien. Pour moi, il s'agissait d'assembler des formes géométriques, mais pour créer un personnage.

À l'époque, nous avions tous des Blackbooks, des magazines Graff Bombz, je les achetais tous. Je regardais tous les styles. Et j'aimais beaucoup le Wildstyle. C'est aussi de là que viennent les formes géométriques.

Quel est ton processus de création ?

Je commence par tout tracer. Je ne dessine pas, je déteste le dessin. Comme on n'arrive pas à l’objectif tout de suite, ça me tape sur les nerfs. Je fais donc des croquis rapides aux poscas. Je ne rature pas, je garde même les erreurs. J'essaie de m'adapter, c'est une bonne approche. Je garde ainsi la spontanéité du graffiti.

J'utilise ensuite l'acrylique pour appliquer les premières couches, puis j'utilise la bombe aérosol pour ajouter les effets. Ensuite, c'est l'aérographe. Après cela, je reviens avec de la peinture acrylique pour fixer les lumières. Enfin, je travaille sur le fond pour sculpter l'ensemble, en effaçant certaines zones pour faire ressortir le personnage.

Quels sont les artistes qui t’ont le plus inspiré ?

Au début, je me suis beaucoup inspiré d’artistes. Je regardais beaucoup George Condo. Sauf qu'en regardant George Condo, on se rapproche de George Condo... J'ai tendance à penser qu'à trop regarder les autres, on finit par se perdre soi-même. Et il faut avant tout rester soi.

Donc ce qui va m'inspirer davantage, c'est l'énergie d'un artiste différent de mon univers. Par exemple, j'admire l'énergie de Basquiat, tout ce qu'il a accompli en peu de temps.

Qu’est-ce que l’art, pour toi ? 

Pour moi, l'art consiste à raconter aux gens sa propre histoire. Il n'est pas nécessaire de défendre une approche particulière. Tu racontes ton histoire tout en essayant d'émouvoir les gens à travers ta peinture, sans aller au-delà. Tu fais juste ce que tu aimes, que cela plaise ou non. C'est tout.

Raconte-nous ce projet improbable que tu as réalisé pour la marque Coca. 

J'ai reçu un mail dans lequel on me demandait de signer un document confidentiel indiquant qu'un gros client anonyme allait me contacter. J'ai pensé qu'il s'agissait d'une blague. Puis j'ai reçu le contrat avec l'autre entité. Ils m'ont expliqué qu'ils voulaient que je peigne une toile. En fait, la marque Coca voulait que je peigne une toile pour leur prochain clip publicitaire.

À partir de là, j'ai beaucoup peint. Au début, on m'a envoyé une vidéo de Transformers, avec une voiture qui se transforme. On m'a dit : ça va ressembler à ça ! Je me suis dit : wow...OK ! J'ai donc commencé à dessiner un personnage extrêmement complexe, j'avais mis un millier de formes, c'était encore plus compliqué que Transformers. Finalement, ils ont choisi une ancienne œuvre de 2021, une femme au chapeau. C'était son titre. 

C'est assez drôle parce que j'ai modifié le tableau et je l'ai rebaptisé "Divine Idyll". J'avais l'âge du Christ et je me disais qu'à 33 ans, il m'arriverait quelque chose de fou. Au début, je le disais pour rigoler, mais ça faisait longtemps que je le répétais, alors j'ai commencé à trouver ça bizarre. Et voilà, c'est arrivé à 33 ans... Alors oui, c'est cool !

 

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