Meet Your Artist : interview avec le street artiste R.A.S

Publié le 01 Juin 2023

Rencontre avec R.A.S, un talentueux artiste français de street art

 

Originaire de la banlieue parisienne, RAS a commencé ses premiers dessins à l'âge de 6 ans. Influencé par des grands noms de la scène street-art française tel que Mode2, RAS a très vite rejoint des groupes d'artistes graffeurs et collaboré avec de grands noms internationaux, telle que Lady K.

 

Ses toiles incarnent le fourmillement urbain dans un dédale de lignes et de couleurs graphiques, invitant le spectateur à s'y perdre. Dans sa quête du détail, RAS se laisse guider par le geste pour donner vie à des histoires reprenant les codes essentiels du street art.

 

Découvrez ci-dessous le portrait vidéo de R.A.S, et pour explorers ses œuvres, rendez-vous dans sa galerie en ligne !

Comment s’est passée ta découverte de l’art ?

Moi c’est Romu, la quarantaine, je suis issu de la banlieue sud de Paris. Mes premiers pas dans l'art : l'observation et la curiosité. C'était assez présent pour nous étant jeunes, car il y avait des personnes parmi nos aînés qui avaient déjà les pieds dans certaines mouvances de hip hop, comme la danse, la musique, ou bien le graffiti. Pour moi, ça sautait aux yeux de tomber dans le graff. Je n'avais pas d'autre choix, il y avait trois bains. Il fallait que j'en choisisse un, je n'ai pas eu à me poser de questions. J'avais la fibre de l'expression. J'aimais dessiner, poser mon crayon sur papier, m’y attarder des heures, me perdre dedans.

Tu as donc commencé dans le graff ?

Moi, je n'étais pas trop consoles, séries, tout ça. Je suis vite perdu dans les personnages de Dragon Ball Z. Je ne sais pas qui est qui… Je n’ai jamais trop été devant l'écran. C'est vrai que j'ai passé mon temps à l’extérieur. Et forcément, qu'est-ce que je trouvais ? Beaucoup de dessins, de graffs, beaucoup d'expressions urbaines. Et j'ai vite adhéré à des groupes. J'ai été recruté par des groupes de ma ville, tout simplement. Parmi ces groupes, il y a le groupe ALB, le groupe MOB6, et ED. Ces trois groupes sont liés par tranches d'âge. En réalité, c'est une seule et même équipe, une seule et même école, même si chacun apporte son style, on essaie quand même de créer une fresque globale. 

Qui sont les artistes qui t’ont influencé ?

Par rapport à mon secteur, j'ai eu la chance d'avoir tout ce qu'il faut, tous les éléments. On était plus que bercés, on était chouchoutés par des gens comme MODE2, quand il venait à Choisy-le-roi, au parc Maurice Thorez. MODE2 est un artiste mondialement reconnu. Il y a aussi des personnes qui m'ont permis de vraiment évoluer dans le graffiti, comme Lady K. C'est une artiste internationale, qui m'a permis de rentrer dans des groupes et de participer à des fresques pour des groupes internationaux. L'échange, c'est aussi le but de notre art. Le fait de se rencontrer et de partager, ça partait aussi de ça. Ce n'est pas qu'un simple mouvement de mode, c'est bien plus profond que ça. On a des codes familiaux. 

D’où vient ton pseudo R.A.S. ?

Ça vient d'une chanson de Kery James, parmi ses premiers morceaux. Ça disait : "Je ne veux pas aller au service militaire, je ne veux pas faire la guerre, pour un morceau de terre. Les militaires ont tous des gâchettes dans la tête…”. Je dis ça alors que je suis un mec qui vit à la cool ! 

Qu’est-ce que ça signifie pour toi, le fait de peindre ?

En fait, c'est un cri. La peinture, c'est un cri, pour moi. J'aime bien exprimer ce rapport de force entre l'oppresseur et l'opprimé. Je suis souvent énervé dès le matin, je ne sais même pas pourquoi, mais c'est normal, c'est ce que j'ai absorbé la veille. 

Quel est ton processus de création ?

Dès que je trouve un petit quart d'heure, je sors un stylo, un crayon, un posca… Pour ne pas m'ennuyer, je travaille beaucoup par projection, c'est-à-dire que j'aime bien être moi-même surpris dans mes toiles. Je balance, je fais… Et au bout d'un moment, je commence à trouver des formes. J'observe, et à partir de là, je commence à créer une histoire. Je pars d'une forme, parfois je laisse juste faire mon stylo. Je peins sur tous supports, et plus il est loufoque, plus je suis content du résultat.

Comment qualifierais-tu ton style ?

J'aimerais trouver un truc doux, c'est mon but. Comme un petit logo, un petit truc marrant qui ferait sourire tout le monde. Mais j'ai encore du chemin à faire. Pour l'instant, je suis encore dans des trucs un peu anguleux, mais ça va évoluer... !

Où te vois-tu dans quelques années ? 

Je sais que je suis atteint par ce mouvement, et que je ne pourrais pas m'en séparer. Ça y est, 10, 15, 20, 30… Si tu comptes… J'arrive à 40 piges, j'ai commencé à 6 ans !