Meet Your Artist : à la frontière entre peinture, sculpture et design, interview avec Vic Jobé

Publié le 27 Feb 2024

Artiste hybride, à cheval entre la peinture, la sculpture et le design, et aux multiples influences, allant du street art au minimalisme en passant par la peinture baroque, Vic Jobé est insaisissable, mais résolument contemporain.

 

Tout au long de son parcours, de Liège à Turin, il s’est imprégné d’influences fortes qu’il a fusionnées pour créer “son propre clair-obscur” : une oeuvre faite de contrastes prononcés, de jeux de lumières et de couleur.

 

Découvrez l’univers unique de ce jeune artiste liégeois à travers son interview exclusive chez Misancene ! 

Quel est ton parcours artistique ? 

 

Je m'appelle Vic Jobé, j'ai 33 ans. J'ai fait mes études à Liège, à Saint-Luc. Ma grand-mère peignait, ma mère a aussi fait des études artistiques. J'ai reproduit le schéma. J'avais des amis qui peignaient et dessinaient. Donc pour moi, c'était un hobby de reproduire des œuvres. J'ai beaucoup pratiqué la copie, pour certains c'est inné, immédiat, mais ce n'était pas mon cas, j'avais besoin de pratique. J'ai surtout fait mon Erasmus à Turin, en Italie. Turin a vraiment été un tournant décisif pour moi. 

 

Pourquoi as-tu été marqué par Turin ?

 

J'étais immergé à 100 % dans un milieu artistique. Tout le monde était mélangé : peintres, sculpteurs, architectes... J'y ai eu un professeur exceptionnel. Il a déclenché mon intérêt pour les portraits et m'a poussé à rechercher le détail. J'y ai également découvert la sculpture, en particulier la sculpture sur marbre. Mon professeur était Fabio Viale, qui est connu dans le monde entier. Il m'a vraiment impressionné, il n'est pas là pour blaguer. Il s'agit de la grâce et de la finesse de la sculpture traditionnelle, qu'il maîtrise comme personne. C'est là que tout a commencé pour moi.

 

Quelles sont tes influences ?

À Saint-Luc, tout le monde faisait un peu de graffiti. L'influence est encore présente aujourd'hui. J'ai toujours aimé l'esprit du street art. J'aime aussi la peinture à la bombe, et j'aime mélanger les médiums : bombe, huile, pastel... mélanger les couleurs, les néons, les portraits avec le côté baroque du Caravage. En somme, je recrée ma propre forme de clair-obscur.

 

Mon travail se situe à la frontière entre la peinture, la sculpture et le design. J'ai toujours voulu travailler avec le néon, ou du moins avec des lumières. Mes influences en matière de néon sont Dan Flavin, qui a réalisé de nombreuses installations avec des tubes de néon. 

 

Il y a aussi l'artiste de rue Conor Harrington, un magicien des couleurs à mon avis. La façon dont il mélange les choses... Je regarde toujours ce qu'il fait, c'est impressionnant.

 

Concernant les néons, je me disais "c'est trop compliqué...". Comme toujours, la première chose que l'on pense, c'est que c'est impossible. Quand j'ai eu mes premiers néons, je suis devenu fou, je les ai testés sur beaucoup de toiles et je me suis rendu compte qu'on pouvait faire beaucoup de choses avec eux et que le contraste qu'ils créent est incroyable. 

 

Quel est ton processus de création ? 

 

Je commence toujours par la toile : le fond, le portrait. Et je termine par les néons. Je sais déjà de quelle couleur ils seront, mais pas encore où les mettre. C'est à ce stade que je teste et décide de l'installation finale. Je le fais sur des panneaux de bois. Une toile serait déchirée. Il y a un fond, mais il doit être discret. J'aime que ce soit propre, qu'il n'y ait pas de fils qui dépassent dans tous les sens. Enfin, je fabrique une boîte et je fais passer discrètement les néons derrière. 

 

Et concernant tes sculptures ? 

 

Le processus a été un peu plus compliqué pour les sculptures. Il y a eu beaucoup de travail préliminaire pour créer le moule, fabriqué par des professionnels. Ensuite, je travaille avec de la jesmonite, un procédé chimique à base d'eau qui rend la sculpture aussi dure que du béton. Il y a la préparation, le ponçage pour que le chien soit vraiment lisse. Ensuite, je mets les miroirs, les néons que je cache, et enfin vient l'étape la plus amusante de la peinture. 

 

Comment qualifierais-tu ton style hybride ?

 

Je dis toujours que c'est de l'abstrait figuratif, puis je dis que j'utilise des néons avec des miroirs et des sculptures. C'est là que ça se complique ! Alors je sors mon téléphone et je dis : "Tiens, regarde mon Instagram". 

 

Je n'essaie pas de transmettre un message directement dans mon travail. C'est vraiment la couleur qui compte. Je travaille beaucoup avec de l'orange fluorescent. C'est assez puissant. Le public peut se projeter dans l'œuvre. Mais les gens n'ont pas nécessairement besoin d'expliquer leurs sentiments. Tant que je vois cette petite étincelle dans leurs yeux, ça me fait plaisir. 

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Vic Jobé dans son atelier © Courtesy of Misancene