Meet your artist : Nicolas d'Oultremont

Publié le 02 Feb 2023

Rencontre avec Nicolas d'Oultremont, un talentueux sculpteur belge ! 

Du théâtre à la sculpture, Nicolas d'Oultremont est un sculpteur du corps. Pour cet ancien comédien, la sculpture est un nouveau canal d'expression, sans voix ni mots mais dont la liberté et la diversité sont inépuisables. 

Dans ses sculptures, Nicolas d'Oultremont veut souligner que le mouvement d'une jambe, le positionnement des épaules ou l'inclinaison d'une tête peuvent révéler l'intention d'une personne.

Sa matière de prédilection pour exprimer tout cela : l'acier. Froid, sale, difficle à manier... C'est pour Nicolas d'Oultremont la matière idéale pour apporter un nouveau regard plus lumineux et plus doux sur ce matériau mal-aimé. 

Découvrez le portrait de Nicolas d'Oultremont, un artiste émergent à suivre !

Découvrez les oeuvres de Nicolas d'Oultremont ! 

 

Comment es-tu arrivé à la sculpture ? 

 

Je m'appelle Nicolas, j'ai 40 ans. Je suis sculpteur. J'ai fait l'école de théâtre de l'IAD, l'Institut des Arts de Diffusion à Louvain-la-Neuve, en Belgique. J'y ai étudié pendant 5 ans, puis j'ai joué beaucoup de pièces de théâtre. Et puis j'ai eu envie de faire autre chose, de travailler avec mes mains. Pendant un an, j'ai donc suivi un monteur de charpentes métalliques en Belgique. Ensuite, j'ai vécu dans le sud de la France pendant 6 ans avec ma famille. J'ai commencé à fabriquer des meubles en métal, mais il me manquait quelque chose, quelque chose de plus artistique, de plus expressif, de plus libre. C'est alors que j'ai commencé à faire de la sculpture avec mon premier matériau, l'acier. 

 

Qu’est-ce qui t’inspire ? 

 

Le théâtre est très lié à la question du corps, du mouvement. Ça m'intéresse beaucoup. C'est quelque chose que j'ai décidé de reproduire dans ma sculpture. Ca m'est venu comme ça. Finalement, quand je regarde mes anciens dessins, ils ressemblent à mes sculptures. Il y a toujours des corps très étirés, assez verticaux. Une forme qui cherche à aller toujours plus haut. Je suis en effet très intéressé par la représentation du corps. 

 

Plus je travaille, plus je me rends compte qu'en faisant plus simple et plus sobre, les choses sont encore plus évidentes. On voit mieux le mouvement, voire l'intention, l'émotion. Je n'ai pas besoin de l'accentuer avec un visage. Je pense qu'on perdrait un peu d'émotion. C'est amusant parce qu'on associe souvent l'émotion au visage et aux yeux. Mais si nous voulons croiser le regard de la sculpture, nous le croiserons. C'est une façon de dire que si le spectateur a eu un feeling avec la sculpture, il y aura un contact visuel entre les deux.

 

Quel est ton processus de création ? 

 

J'observe beaucoup. Je m'inspire de ce qui est disponible à l'extérieur, je ne vais pas chercher pendant des heures. Je prends ce que j'ai vu ou entendu à la radio, ou ailleurs, et je me lance dans mon atelier. Je travaille sur mes idées ici, dans mon laboratoire. Je ne fais pas beaucoup de recherches, j'ai besoin de travailler directement sur le matériau. 

 

J'ai réalisé toute une série de sculptures sur l'autisme. J'aime beaucoup travailler sur la déviance mentale et l'insécurité. Ce n'est pas toujours très joyeux, mais c'est quelque chose qui m'inspire beaucoup. La folie, ce n'est pas seulement s'arracher les cheveux. Il y a beaucoup de mouvements ou de positions différentes. Je ne pourrais donc pas la représenter dans une seule sculpture. Je dois en créer plusieurs. Je travaille donc beaucoup par séries. 

 

Pourquoi as-tu choisi l’acier et comment le travailles-tu ? 

 

Je vais chez un ferronnier pour récupérer son métal. Dans le monde actuel, c'est plutôt intéressant de recycler. De plus, l'acier a une forme totalement différente au départ. Il est même abîmé, et je lui donne une nouvelle vie. L'acier est perçu comme quelque chose de froid. Il est utilisé pour la construction, ou les constructions lourdes. Il est sale et tranchant. Je voulais transformer ce matériau, le rendre plus accessible. Donner envie de le toucher, le faire briller. En somme, je voulais le transformer. 

Je n'utilise pas beaucoup de machines. J'aime utiliser ce que j'ai déjà. Bien sûr, il faut parfois acheter du matériel. Quoi qu'il en soit, le métal est intéressant lorsqu'il est chauffé. Il se transforme complètement. L'acier devient flexible, on peut le plier, le frapper, le modifier. Avec la meuleuse, je lui donne cet effet brillant, ses reflets. Je travaille donc principalement avec la soudeuse, la meuleuse et la disqueuse. 

 

Quelles sont tes influences ? 

 

Au début, je n'ai pas du tout pensé à Giacometti, mais il est vrai que l'on retrouve des formes étirées similaires dans mon travail. Je ne veux pas lui ressembler. Je cherche mon propre style. Mais c'est un fait, nous ressemblerons toujours à quelqu'un. Il y a trop de choses intéressantes aujourd'hui. Je pense à cette œuvre d'art... un énorme monument entre la frontière belge et française. Un monument en béton avec deux mains qui se rencontrent, symbolisant le lien frontalier. C'est très chouette. J'aime aussi Folon. Il a sculpté cet homme assis dans la mer. Ce qui est génial, c'est que ce sont des œuvres d'art dans l'espace public. J'aime beaucoup cela. J'apprécie vraiment que l'art soit accessible à tous, dans la rue, dans la nature ou n'importe où. J'aime cette idée.