Meet Your Artist : interview de la peintre Muriel Matt

Publié le 19 Apr 2023

Plongez dans l'univers “Fun Art” de Muriel Matt !

À travers ses œuvres, profondément inscrites dans l'univers de l'enfance, Muriel Matt fait sienne la devise : "Peindre l'âme, étreindre la vie". C’est pourquoi l’artiste française n’a de cesse de peindre des visages aux émotions vives.  

L'artiste nous invite à cultiver notre enfant intérieur, celui qui accueille la vie les yeux écarquillés, pour mieux s'émerveiller et se laisser surprendre.

Les graphismes naïfs, les explosions de couleurs, et les effets en relief permis par la peinture acrylique soulignent une intense expressivité de ses personnages, souvent autobiographiques.

Pour Muriel, la création est intuitive, et même vitale. Elle est le reflet de ses états d’âme tout en donnant vie à un langage universel qui rayonne par delà le langage.  

"C'est important pour moi, que mes tableaux, par leur simplicité, par l'immédiateté de la délivrance du sentiment, puissent être appréciés - lorsqu'ils le sont - sans qu'il faille une quelconque culture artistique. Je me méfie du code, de la référence, qui dressent des barrières ségrégatives entre les œuvres et leur public."

Découvrez le portrait vidéo de Muriel Matt ci-dessous et explorez ses oeuvres en visitant sa galerie en ligne Misancene !

Muriel, comment as-tu découvert la peinture ? 

Je suis Muriel Matt, 46 ans. Je suis peintre depuis 2016, j’entame donc ma 8e année. C'est une reconversion professionnelle, j'ai été assistante sociale pendant quinze ans. C'était un métier qui ne me satisfaisait pas et je cherchais ma vocation. C'est arrivé presque par hasard, en tombant sur des pinceaux et de la peinture. C'est arrivé en 2012. C'est une rencontre extrêmement forte. C'est quelque chose qui m'a littéralement emportée dans un nouveau courant. 

Tu n’avais jamais créé avant ce déclic ?

Je dessinais beaucoup, je faisais déjà des pastels, mais je ne lui donnais pas l'importance qu'elle avait vraiment pour moi, profondément, intimement. Je n'en avais pas conscience. C'est plutôt qu'à un moment donné, j'ai pu intégrer que c'était vraiment ce qui me faisait vibrer, alors qu'avant, je ne me le serais peut-être pas permis. C'est donc peut-être, en termes d'autorisation, une question de moment, de conjecture. Mais c'était là, c'était en gestation, et il fallait juste que je puisse le voir puisque c'était évident pour moi, depuis assez longtemps. Je voulais peindre des toiles, alors, naturellement, je me suis tournée vers la peinture.

Quelle est ta technique de prédilection ?

J'ai commencé par la peinture à l'huile. J'ai d'abord réalisé des dizaines et des dizaines de tableaux chez moi, en me formant de manière autodidacte. J'ai peint à l'huile pendant deux ans et puis, comme je voulais créer des effets de relief, je me suis rendue compte des limites de la technique de l'huile. Je suis donc passée à l'acrylique. Je me suis à nouveau formée. Cela a pris quelques mois, car ce sont des techniques extrêmement différentes. Il a donc fallu une petite phase de transition pour passer à l'acrylique et avoir plus de liberté dans les effets - et dans tout, en fait !

As-tu des thèmes récurrents ? 

J'avais simplement envie de découvrir, de tester, d'explorer. Tous les thèmes m'ont traversé l'esprit. Simplement, lorsque j'ai réalisé 50, 60 tableaux, j'ai vu que dans la composition, dans le choix des couleurs, dans ma manière de composer un visage, on retrouvait toujours quelque chose lié à l'enfance, à la joie de vivre, aux contrastes et aux kaléidoscopes de couleurs... Mes peintures sont une extension de moi-même. Une petite fenêtre sur mon âme. Ce que je suis, profondément et intimement. Toutes mes peintures sont des autoportraits.

Comment définirais-tu ton style ? 

Mon style se situe quelque part entre la peinture abstraite et la peinture figurative. Parfois, c'est plus l'un ou l'autre. Il est donc très difficile de le définir. On pourrait dire qu'il s'agit de “fun art”. C’est très ludique. Les couleurs sont chatoyantes, vibrantes. Il y a beaucoup de contrastes, les aplats sont très clairs, nets.

Quelle est l’importance du titre des œuvres pour toi ?

 Le titre doit vraiment être lié à ce que le personnage dégage. Un sentiment de paix, d'excitation... L'association du titre est très émotionnelle. Il s'agit du "goût des autres" et du désir, à travers le regard, d'évoquer l'âme, la personnalité de quelqu'un, le mystère de l'autre. Qui est-il ? Peut-on croiser son regard ? Peut-on communiquer, interagir ? Sous quelle forme ? C'est en fait très mystérieux, et donc passionnant. 

Tu crées principalement de grands formats, pourquoi ?

Ces portraits sont aussi grands, voire plus grands, que nos propres visages. Et pour moi, il est important qu'en les regardant, nous puissions interagir avec eux. J'ai l'impression que dans un petit format, on peut manquer la rencontre. Le fait que tout soit miniaturisé nous oblige à nous décentrer, à nous adapter à la toile. Je pense qu'un grand format favorise la conversation avec la toile.

Quels sont les artistes qui t’ont inspirée ?

Très, très jeune, Gauguin m'a laissé une forte impression. Il y avait déjà la couleur... Van Gogh aussi. Par la suite, j'ai eu d'autres sources d'inspiration. Aujourd'hui, elles sont si nombreuses qu'il me serait difficile de les citer. Mais la couleur semble être le dénominateur commun de tous les artistes qui m'ont inspirée. Depuis longtemps, l'artiste qui me touche le plus reste Picasso. Le cubisme. Cette façon de combiner des formes un peu dépareillées mais qui vont former un tout cohérent, associées à des couleurs... C'est vraiment une peinture qui me touche beaucoup, que j'aime regarder encore et encore, dans laquelle j'ai envie de plonger. Il a une façon de visiter la réalité que j'apprécie particulièrement. 

Qu’est-ce qui te fait le plus vibrer dans le fait d’être artiste ? 

Je crois que ce qui est formidable avec l'art, c'est qu'on revisite la réalité d'une manière complètement nouvelle. En tout cas très singulière et originale. Qu'est-ce qui va prendre forme ? Qu'est-ce qui va émerger sous mes doigts, sous mes pinceaux ? Il y a un suspense et un mystère inhérents à l'acte de créer. On ne sait pas où l'on va. Et le point ultime, là où le plaisir est le plus grand, c'est vraiment quand le travail est fait, et que l'on est passé d'un chaos intérieur à quelque chose qui prend vie dans une forme extérieure. C'est la plus grande satisfaction.